Politique

Le ministre de l'enseignement supérieur et universitaire, Muhindo Nzangi a décidé, depuis le samedi 18 Septembre dernier, de fermer la faculté de médecine dans plusieurs universités de la RDC sans trop penser aux conséquences de sa décision qui du reste sent populisme et l'illégalité.

La chorale des mouches de Lubumbashi du vendredi 10  au mardi 14 Septembre dernier dans un format qu'on a daigné appeler " états généraux de l'ESU" a, entre autres, décidé de fermer la faculté de médecine dans plusieurs universités.

Sur le plan de la forme et en considération de la théorie de l'acte contraire, on aurait souhaité que les facultés de médecine ayant reçu l'autorisation de fonctionner par voie d'arrêté soient aussi fermées par la même voie. Or, dans le cas d'espèce, c'est une circulaire qui semble avoir une préséance sur l'arrêté.

Il en est de même de la proposition évoquée de l'Ordre des médecins qui aurait établi les listes des universités où les facultés de médecine seraient non viables alors que celui-ci ( Ordre des médecins) régule la profession de médecin en se basant sur l'éthique médicale des " produits finis" et  non ceux en formation.

La comédie puante des warriors, déboussolés

L'éducation nationale est un corps qui nécessite une vision globale. De l'Ecole primaire jusqu'à l'Université en passant par le niveau secondaire, la vision devrait être uniforme. Le ministère aurait même été celui de l'Education Nationale avec deux ou trois secrétariats( ESU, EPST et/ou Formation Professionnelle).

L'enseignement  primaire et secondaire est devenu la lie de l'éducation nationale. Le certificat de fin d'études primaires s'achète à vil prix dans les poches et magouilles organisées par les provinces éducationnelles opérant à travers des inspecteurs véreux. Il en est de même des diplômes d'Etat qui sont distribués au gré de vague suivant les sms- réponses que les enfants reçoivent aux centres d'examen en provenance de leurs écoles respectives et sous l'œil complice et mercantile des services publics. Si l'on fermait la messagerie électronique pendant le déroulement des épreuves nationales du niveau secondaire, le taux de réussite ne dépasserait pas 5% chaque année.

Quelle est la vision globale des warriors sur l'éducation nationale en dehors de gestion des effets à orientation populiste ? 

Une fixation chronique et pathologique inquiétante

Tous les ministres du haut de leur excellence hypothéquée ayant défilé à la tête du ministère de l'ESU s'attardent pathologiquement sur la faculté de médecine oubliant que toute personne mal formée est un danger public. Comment pourriez-vous avoir de bons médecins mal formés à l'école, dans une société où règnent injustice et criminalité, où les incendies dûs à l'électricité sont courants, où les maisons sont mal construites et s'écroulent régulièrement, où la presse façonne une opinion aux antipodes de la médecine moderne, etc...? Voilà une raison de plus de penser à un système éducatif qui soit fort dans toutes ses composantes.

Quelle est la politique globale du gouvernement dans ce secteur ? Combien de cardiologues, ophtalmologues, dentistes et consorts compte chaque territoire de la RDC ? Selon les statistiques de l'OMS, la RDC compte moins de 5% des médecins par rapport aux contraintes de sa démographie et un médecin congolais est pour plus de 10 000 habitants alors que plusieurs pays africains comptent 1 médecin pour 50 habitants.

Le comble du ridicule

Selon les statistiques du ministère de l'ESU, du point de vue quantitatif, l'Unikin est le premier établissement universitaire qui compte plus d' enseignants. Elle est suivie par l'université pédagogique nationale ( UPN). Cela veut dire qu'il y a une grosse concentration des enseignants à Kinshasa, capitale de la RDC. Et tous les établissements universitaires de Kinshasa n'ont pas assez de problèmes des enseignants contrairement à l'intérieur du pays compte tenu des problèmes de voies de communication et de la modicité du traitement financier accordé aux professeurs visiteurs.

Par quelle magie, d'un critérium corrodé et corrompu, la faculté de médecine de l'Université de Tshumbe de Mbujimayi serait plus viable que celle de l'université Simon Kimbangu de Kinshasa ? Quels sont les critères objectifs sur lesquels Muhindo Nzangi s'est basé pour pouvoir fermer la faculté de médecine dans plusieurs établissements ? Son zèle perfectionniste ne devrait-il pas l'amener à fermer simplement toutes les facultés de l'enseignement supérieur et universitaire en RDC ?

Quel est le sort des étudiants des universités où la faculté de médecine est non viable ? Doit-on les accepter ailleurs alors qu'ils sont censés être eux-mêmes non viables à l'instar de leurs établissements ? Admission par voie de concours ? 

Toute personne mal formée demeure un danger public et l'Etat doit en être conscient.

Saint Yannick