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Politique

Tshisekedi- Katumbi : deux opposants de la majorité, victimes du syndrome Clérambault !


Le Président de la République, Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi, l'un de ses partenaires politiques, sont loin de fumer le calumet de la paix comme en témoigne la lettre de Moïse Katumbi adressée au Président Félix Tshisekedi ce mercredi 20 Octobre.

Dans cette longue lettre, le Président de l'Ensemble pour la République dénonce les dérives dictatoriales qui semblent assimiler le Président de la République à son successeur, Joseph Kabila " qu'ils ont combattu ensemble". La pomme de discorde, c'est l'entérinement des membres de la CENI auquel le parti de Moïse Katumbi n'a pas daigné participer.

Une amitié circonstancielle à la genèse trouble

A la veille des élections de 2016, Moïse Katumbi, traité de Judas par Joseph Kabila, quittait le navire PPRD pour  un" faux penalty" en préparation après avoir réussi "les deux premiers faux penalties en 2006 et 2011". Pilule amère à avaler pour la famille politique de Joseph Kabila qui avait multiplié des accusations à l'endroit de ce dernier, psychologiquement abattu en deux semaines de pression politique infernale.  Exil en Afrique du Sud puis ailleurs entre Europe et USA.

Entretemps, Félix Tshisekedi montait de plus en plus au sein de l'UDPS où il était appelé affectueusement " Monsieur le Diplomate" à cause de ses prouesses diplomatiques au sein de son parti et surtout de la résolution des conflits au sein de son parti où toutes les tendances des années 2009 semblaient le respecter foncièrement.

La convergence parallèle est formalisée à Genval en Belgique où tous les opposants à Joseph Kabila s'étaient réunis pour mutualiser leurs efforts en vue de le contraindre de quitter le pouvoir.

Félix Tshisekedi dans toutes les réunions politiques va plaider pour le cas Katumbi contraint d'aller en exil contre son gré. A l'extérieur de la RDC, on les voit tous deux, main dans la main, dans les ambassades menant une offensive diplomatique contre l'administration Joseph Kabila.

Obnubilés tous deux à succéder à Joseph Kabila, ils vont tenter de s'aimer d'une manière cosmétique  pour plaire aux partenaires étrangers.

Au sein de l'UDPS, c'est une pilule amère, voir Katumbi aux côtés de Félix Tshisekedi. Le nouveau secrétaire général de l'UDPS, Jean-Marc Kabund-A-Kabund, qui a vécu et lutté politiquement au Katanga n'est pas amnésique des séquelles  politiques de Katumbi dans sa mémoire. 

Les milieux politiques proches de Joseph Kabila distillent des informations selon lesquelles l'UDPS aurait été achetée par Katumbi, le même qui aurait proposé Jean-Marc Kabund-A-Kabund à Étienne Tshisekedi. La Rtnc à travers Lushima Ndjate, d'heureuse mémoire, avec son émission quotidienne sur le Congo s'en était chargé qualifiant " Limete de Blanchisserie"

Malgré le manque d'empathie de certains caciques de l'UDPS envers Katumbi, Félix Tshisekedi tient fort et les relations se stabilisent jusqu'à Genève.

L'épisode corrosif de Genève

A la veille des élections de 2018, Moïse Katumbi est empêché de postuler à la présidentielle sur fond d'un spectacle désolant de Kasumbalesa où il était empêché selon ses proches pendant que le gouvernement parlait d'une comédie de Katumbi qui ne s'est jamais pointé au poste frontalier de Kasumbalesa.

Tous les opposants décidèrent de se liguer contre Joseph Kabila. Et la messe se déroula à Genève sous la haute surveillance et autorité des miniers déterminés à changer le code minier qui venait d'être voté au parlement.

Martin Fayulu triomphe après une élection " magique" où Félix Tshisekedi n'aura bénéficié du soutien, naturellement acquis, de Martin Fayulu et de Moïse Katumbi. Jean-Marc Kabund-A-Kabund ne va pas par le dos de la cuillère et oppose à Félix Tshisekedi sa naïveté face à une " kyrielle d'amis malveillants".

Première rupture formelle entre les deux hommes. La campagne de diabolisation de Félix Tshisekedi pendant la campagne électorale n'aura pas édulcoré la peine de l'UDPS face à Moïse Katumbi.

Des gestes de réconciliation

En 2019, Félix Tshisekedi récupère l'imperium tant recherché par son père. Il multiplie les mesures de décrispation politique et Moïse en est largement bénéficiaire : deux procès phares gagnés sur l'affaire Stoupis (!) et celle des mercenaires. Son exil prend fin et retourne au pays, bien sécurisé. Il décide de faire une opposition républicaine contrairement à Martin Fayulu plus radical que jamais. Il critique le bicéphalisme au sommet de l'État en cette formule :" deux conducteurs ne peuvent pas simultanément conduire une voiture sans qu'ils ne connaissent un accident". Il assiste au jeu de ping-pong entre le FCC et le CACH jusqu'à la rupture totale entre les deux alliés circonstanciels.

Union sacrée : entre érotomanie et manque de stratégie !

Octobre 2020, Félix Tshisekedi reçoit Moïse Katumbi au palais de Nation dans les pérégrinations de l'union sacrée de la nation. Sourires comestiques, les deux frères semblaient ravis d'avoir décidé d'oublier leur passé récent et tumultueux. L'union sacrée est formalisée et Moïse Katumbi est désormais membre de la majorité parlementaire avec des ministres de son parti placés aux Affaires étrangères, au Plan ou encore à l'ESU. Lors de la formation du gouvernement, les rumeurs de désaccord enflent et les deux " frères" se rencontrent et résolvent le problème. 

Malgré les apparences, les divergences planent entre les deux frères sur plusieurs sujets et  leurs " lieutenants" s'attaquent réciproquement. En toile de fond, le fauteuil présidentiel qu'ils vont ou pourraient se disputer en 2023.

La loi Tshani, le bilan de Félix Tshisekedi sur la justice évoqués par Moïse Katumbi lors d'une interview à JeuneAfrique est commenté diversement dans les milieux du pouvoir. Les lignes deviennent de plus en plus distantes jusqu'à l'entérinement des membres de la CENI fortement contesté par le parti de Moïse Katumbi.

Le face-à-face qui devrait être un cadre de résolution apaisé est remplacé par des communiqués des partis politiques au contenu extrémiste jusqu'à publier une lettre adressée au Président de la République censée être confidentielle et l'UDPS ne porte jamais des gants pour tancer ses adversaires...

Le syndrome Clérambault, cadre passionnel entre les deux hommes

Le syndrome de Clérambault est la conviction délirante d'être aimé. Loin de l'obsession d'un amour non partagé. 

Chacun d'eux est persuadé, en toute hypocrisie, d' être secrètement l'objet du désir de quelqu'un, mais il l'est par par le biais d'une construction intellectuelle délirante qui vient étayer sa conviction initiale, typiquement de la télépathie, des gestes à la signification secrète connue de lui seul. Personne n'aime l'autre, mais  chacun est certain d'en être aimé au vu des liens pragmatiques incorporés dans leur essence existentielle.

L' Ensemble pour la République refuse et menace de partir et Félix Tshisekedi ne semble pas enclin de virer vers le dialogue.

Saint Yannick




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