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Société

ESU : la levée de la grève des scientifiques dépendra du résultat de la commission paritaire (Interview exclusive)


Toujours tant attendue, la commission paritaire instaurée par un arrêté interministériel pour traiter des problèmes du personnel de l'enseignement supérieur et universitaire ainsi que de celui de la recherche scientifique va bientôt démarrer ses travaux. Les assistants et chefs de travaux s'attendent à l'amélioration de leurs conditons qui passe notamment par la réduction des écarts de salaire entre les professeurs et eux, et la mécanisation au salaire et à la prime de tous ceux qui n'étaient pas pris en compte. Il faut ajouter à cela la correction des grades de ceux qui sont sous-payés. Président de l'Association des cadres scientifiques (ACS) de l'Université Pédagogique Nationale, le chef de travaux Joseph Lukadi reste optimiste mais prévient du durcissement de la grève en cas d'échec des négociations dans la commission paritaire. Interview exclusive.

Topdirect : L'arrêté interministériel convoquant la commission paritaire a été signé et notifié aux parties prenantes. Que cela représente-t-il pour vous?

Joseph Lukadi : Pour nous, la signature de cet arrêté ministériel nous réconforte et nous donne l'espoir du premier pas vers la réalisation de toutes nos revendications parce que la commission paritaire était parmi les revendications phares de ces pourparlers.

Topdirect : A quand le début effectif des travaux de la dite commission ?

J.L : Comme vous le savez déjà : l'arrêté a été notifié. Il ne reste plus que quelques formalités administratives d'ordre matériel pour que nous puissions commencer. Mais nous sommes convaincu que nous allons débuter les discussions dans la commission paritaire sous peu.

Topdirect : Quel est le cahier des charges des cadres scientifiques à ces négociations ?

J.L : Le cahier des charges existe déjà dès le premier round des négociations. Nous nous sommes mis ensemble, tous les délégués venus d'un peu partout à travers la République, et nous résumé nos revendications en points saillants qui sont entre autres la réduction des écarts qui est un point culminant, mais aussi la mécanisation au salaire de base et à la prime institutionnelle ainsi que la correction des grades pour les collègues qui ont été promus mais qui continuent à être payés aux grades inférieurs. Nous avons également estimé qu'il était opportun d'insérer à l'ordre du jour de notre cahier de charge, la prise en charge par l'État de nos recherches étant donné que l'État nous exige un certain délai pour obtenir le DEA et la thèse. Tout ceci n'est pas possible si on n'a pas les moyens adéquats pour y arriver, donc tels sont les points principaux qui ont été harmonisés et qui constituent notre cahier de charge et nous espérons qu'à la commission paritaire nous allons poser le problème de manière pratique c'est-à-dire définir la tension salariale applicable à tous les corps qui constituent l'enseignement supérieur et universitaire en République démocratique du Congo.

Topdirect : La loi reconnaît au personnel de l'ESU en général beaucoup d'avantages mais les cadres scientifiques semblent ne réclamer que la réduction d'écarts avec les professeurs. Trouvez-vous que réclamer ces autres avantages est une lutte perdue d'avance ou la réduction des écarts vous suffit?

J.L : Nous avons estimé que tout ce que la loi nous reconnaît est de droit notre cheval de bataille. Mais s'agissant de ces pourparlers, ensemble avec les collègues, nous avons estimé qu'il était prudent de nous appuyer d'abord sur les points principaux comme notamment la réduction des écarts. Vous le savez la réduction des écarts a comme conséquence positive la correction des injustices salariales mais aussi l'amélioration de l'enveloppe salariale du corps scientifique congolais. C'est pourquoi nous avons estimé qu'il était d'abord prioritaire de nous cramponner à ces points-là. Mais la loi nous reconnaît un certain nombre d'avantages comme la santé, le logement, le transport... Nous allons y arriver. Dès lorsqu'on aura fini à obtenir la réduction des écarts, la deuxième étape sera celle de regarder ces avantages sociaux que la loi nous reconnaît.

Topdirect : Durant la première partie des négociations, vous avez pu obtenir l'alignement des scientifiques au salaire et à la prime ainsi que la correction des grades. Comment cela se fera-t-il ? 

J.L : D'après les éléments techniques mis à notre disposition par le ministère du budget, il semble que l'État n'est pas en mesure de répondre à ce problème à une seule tranche voilà pourquoi nous avions convenu d'y aller palier. A la commission paritaire, nous aurons à définir ce palier ensemble avec le ministre du budget. Ses services techniques vont renseigner notre lanterne pour que nous sachions exactement si l'État est en mesure de payer combien des scientifiques, en combien des tranches parce que l'idéal est qu'il n'y ait plus, dans les jours à venir, des scientifiques qui travaillent sans être payés ou des scientifiques qui travaillent mais tout étant payés aux grades intérieurs. Donc c'est le mérite de cette commission paritaire, qui doit clairement définir les choses en ce qui concerne les paliers et le nombre de scientifiques mécanisables à chaque trimestre.

Topdirect : Qu'adviendra-t-il de votre lutte si la commission paritaire ne donne pas les résultats attendus?

J.L : Comme nous l'avons dit lors de notre assemblée générale extraordinaire qui avait porté sur la restitution, si à l'issue de la commission paritaire nous n'obtenons pas gain de cause, la conséquence logique est que nous reprendrons la grève même sans préavis. Cette commission paritaire doit apporter des solutions claires et précises. Si tel n'est pas le cas, la conséquence est que cette trêve que nous, scientifiques, avons décrétée prendra fin et la grève reviendra de manière sèche.

Topdirect : Jusqu'ici, êtes-vous convaincu que le banc gouvernemental est animé d'une bonne foi?

J.L : Les premiers signes sont porteurs d'espoir, le premier comportement affiché par les négociateurs du gouvernement peut nous pousser à croire qu'ils sont jusqu'ici animés par une bonne foi. Mais il en reste deux étapes. La première, nous allons voir se concrétiser cette bonne foi pendant les discussions en commission paritaire parce que, comme vous le savez, la commission paritaire doit se solder par un arrêté interministériel fixant notamment la tension salariale entre nous et les professeurs et en deuxième lieu, nous verrons leur bonne foi lorsqu'il s'agira de mécaniser et de corriger les grades mais aussi d'ajouter les premiers forfaits pour les scientifiques au mois d'avril. Donc jusqu'ici, nous sommes optimistes et nous apprécions leur comportement, mais c'est après ces deux étapes là que nous saurons en dire plus.

Topdirect : Un message aux cadres scientifiques de l'UPN...

J.L : Aux collègues scientifiques de l'UPN, et ceux de la RDC en général, nous lançons un message d'espoir, mais aussi nous leur demandons de rester attentifs et vigilants à toutes les étapes que nous allons amorcer d'ici-là en commençant par la commission paritaire. Nous leur disons également de faire confiance à leurs délégués qui se battront jusqu'à la dernière énergie pour que des solutions durables soient trouvées aux problèmes des scientifiques, et aussi de compter sur notre exigence lors de cette commission et de rester en alerte parce que si le gouvernement ne répond pas à toutes nos revendications, nous reviendrons vers eux pour la reprise de la grève.

Propos recueillis par Casimir MBIYAVANGA




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