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Société

Kinshasa : Qui pourrait sauver la ville de la "milice wewa"?(reportage)



Frénésie de Klaxons, des mouvements dans tous les sens, des injures et menaces faciles, présentes dans tous les carrefours et grandes artères de Kinshasa, les motos dictent le tempo de la conduite routière à Kinshasa. Ce samedi 02 Avril, la rédaction de topdirect.net a circulé dans les grandes artères de Kinshasa pour observer de près l' agir polémique des motocyclistes.

Il est 7 heures du matin sur le boulevard Lumumba dans le district de Tshangu vers Quartier 1 à Ndjili. Les embouteillages de l'entrée de Petro Congo ( Abattoir) et entrée Kimbuta ( Ndjili) commencent à prendre corps. L'avenue Luemba est de plus en plus empruntée pour contourner les embouteillages. Des motos sont dans tous les sens, bien imitées par quelques voitures Mercedes appelées ici " Ketch". Plus de dix motos en provenance de Kingasani s'effraient une baie pour regagner la bande où elles étaient censées être. Même devant l'agent de la Police Routière simulant la régulation de la circulation, les piétons hésitent de traverser, car les motos roulent dans tous les sens à tombeau ouvert.

"Vous voyez, nous peinons à traverser à cause de cette " milice wewa" , bien aidée par la Police Routière, submergée. Regardez, les motos sont dans tous les sens et personne ne s'en soucie", nous dit Platini Mvunzi qui voulait traverser.

Vers l'entrée Kimbuta, une jeep a failli écraser une moto dans  laquelle gisaient deux filles qui venaient d'échapper à la mort grâce à la vigilance du conducteur, Franck Muhima, qui n'en revient pas.

"Monsieur le journaliste, vous avez vu la scène avec un dépassement risqué de cette moto qui n'a pas mesuré l'étendue de l'angle (...). Si je l'avais écrasée, ses amis- là ( très nombreux à la Station service près de l'Université Révérend Kim, ndlr) m'auraient eux-aussi tué. Les "wewa" sont solidaires, quelles que soient les raisons de l'accident, fautifs soient-ils. Cette ville n'est pas gouvernée et nous courons tous un danger permanent", s'exclame-t-il avant d'esquisser le signe de croix ponctué de quelques paroles qui semblaient être une prière à l'ange gardien.

Au Ront Point Ngaba où nous sommes arrivés vers 9 heures, le désordre semble avoir atteint son paroxysme. Les motos, très nombreuses, mal stationnées restreignent la chaussée quasi inexploitable.  Un bus de marque Volvo appartenant à la société Transco marqué Ligne 12( Rond point Ngaba- Fonction Publique) peine à prendre l' avenue qui va jusqu'à l'université de Kinshasa. Les motos boudent de libérer la voie.  Deux policiers avec des traits de grands " buveurs" sont en train de dépouiller deux vendeurs d' eau en sachet. Les motocyclistes huent le conducteur de Transco qui voulait forcer le passage et lui promettent l'enfer si l'un d'eux était touché.

"Eh, toi sale con et malheureux de Transco, si tu touches un de nous, on te brûle vivant avec ton bus", lance un motocycliste, yeux hangar, son visage  aurait fait amende honorable dans les films d'horreur. Son corps difforme se cachait dans une chemise terriblement ample et crasseuse. Des menaces à prendre au sérieux.

"C'est toujours comme ça avec ces enfoirés. Ils restreignent la chaussée et les gros véhicules ont du mal à passer. Tout le monde a peur d'eux. Les autorités ( rire) comprises", nous dit Sébastien Molo, conducteur de Transco.

A bord de la voiture, sur By Pass à l'entrée de la commune de Mont Ngafula, nous voyons un attroupement de gens, surtout des motocyclistes faisant le deuil d'un de leurs violemment heurté par une jeep qui appartiendrait aux FARDC et à bord de laquelle étaient installés quatre militaires bien armés, dissuadant ipso facto toutes les velléités de motocyclistes de la poursuivre comme ils en font souvent. Terribles rues de Kinshasa.

Aucun élément de la Police Routière ne daigne nous parler.

A Selembao vers l'arrêt Dépôt, à 30 mètres de la maison communale sur l'avenue Libération, ex 24  , là où deux étudiants de l'UPN, à bord d'une moto, s'étaient fait écraser par un véhicule livreur il y a un mois, une  vendeuse de chikwangues venait d'être renversée, par une moto roulant à sens inverse.  Elle s'en sort bien avec quelques plaies. Ses congénères lui ont apporté secours pour s' échapper éternellement aux policiers qui venaient d'arrêter une fille ayant avalé l'oreille de sa rivale vers l' arrêt Masuba.

Frénésie de Klaxons dans tous les sens jusqu'à la morgue du Sanatorium où un embouteillage monstrueux oblige tout le monde à rester immobile sur la chaussée à l'exception des motocyclistes qui s'en vont sur les trottoirs. Pagaille avec les piétons,  pluie de Klaxons, une belle image , prototype de l' Enfer où Kinshasa, le pandémonium, s'habitue calmement et sûrement à telle enseigne que cela n' inquiète plus personne depuis que l'ancien commandant divisionnaire de la Police Provinciale de Kinshasa, Célestin Kanyama, a été envoyé dans les écoles de formation. Ni l'hôtel de Ville ni la police, personne ne s'en soucie. 

"Qui pourrait sauver Kinshasa de la milice Wewa?", s'interroge François Mayinga,  transporteur en commun rencontré au Ront Point Moulaert dans la commune de Bandalungwa.

Saint Yannick




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