Politique

 Plus de vingt ans de conflits complexes et insondables dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Des questions foncières bien envenimées   par des forces obscures qui errent avec des ailes sentant des minerais. A  un an d'Etat de siège, la situation va bien qu'il y a vingt ans, mais pas mieux à ce qu'elle devrait être dans l'absolu.

Au soir de son pouvoir, tracassé par de multiples secousses internes, le Président Mobutu avait rompu sa politique de " sécurité absolue" en autorisant des réfugiés rwandais et ougandais venir habiter le grand Kivu.

Obnubilé par le pouvoir, Mzee Laurent Désiré Kabila s'était laissé aller dans un labyrinthe d'invasion, aux multiples mobiles,  où multinationales et politiciens étrangers se disputaient tout sur le dos des congolais. Des voisins voyous, le Rwanda et l'Ouganda, en avaient profité pour lancer les pillages des richesses congolaises à travers la politique de la multiplicité des rebelles, par eux soutenus. Enlisement, violences complexes, enjeux surdimensionnés, l'Est de la RDC était de fait détaché de la RDC et Mzee Laurent Désiré Kabila, au bout de son patriotisme de rattrapage, en avait payé le prix.

Plus de vingt ans où l'on a laissé les rebelles ougandais des ADF construire des camps militaires, s'équiper militairement, construire des bivouacs et tisser des alliances avec d'autres groupes armés pour se liguer contre les forces de l'ordre. Au bout de leur stratégie d'enlisement, des officiers militaires des Fardc dans leurs bottes leur fournissaient munitions et autres équipements militaires.

La militarisation de toute la région depuis l'année passée a fait accélérer beaucoup de choses. Plusieurs mosquées d'endoctrinement des ADF détruits. Des camps d'entraînement détruits. Des bivouacs détruits. Plusieurs liens d'approvisionnement en produits pharmaceutiques, munitions et équipements militaires coupés. Quelques chefs de ce mouvement terroriste arrêtés ou tués. Le gros de  leurs repaires stratégiques détruits. Cela rend l'ennemi faible et très errant. L'ennemi a perdu toute sa logistique et plusieurs de ses hommes lors des innombrables combats contre les Fardc. Et cela est une avancée indéniable et indestructible par un quelconque mensonge de conquête du pouvoir de l'opposition.

Pour la première fois depuis que ces conflits existent, la justice militaire condamne des militaires véreux et plusieurs autres personnes aidant les groupes armés ont été arrêtées à telle enseigne que tout le monde est désormais prudent. Les services de sécurité y pullulent et c'est chaque jour qu'il y a des découvertes sur tous les plans. Les avancées sont notables et refuser de les reconnaître relève du mensonge de conquête du pouvoir.

Si, à travers l'institution de l'état de siège, les ADF n'étaient pas considérablement  affaiblis, dans dix ans à venir, l'Est du pays aurait officiellement échappé à Kinshasa. Comment se sont-ils permis de construire camps d'entraînement, mosquées d'endoctrinement, contrôler les grands espaces miniers sans que les régimes précédents ne s'en soient rendus compte et tenter de les déloger dans ces lieux de confort.

Certes, les ADF demeurent encore actifs, mais les pertes que les Fardc leur ont fait subir sont énormes et à saluer.

L'Etat de siège a aussi été une occasion de voir "un tigre" proclamer sa " tigritude". Pourquoi a-t-il rougi ? Pourquoi est-il devenu si agité cherchant à s'allier tantôt à la République du Congo qui, hélas, ne peut trahir " notre congolité collégiale" tantôt à l'Ouganda, un de ses congénères, hélas, en état de repentance, sincère ou hypocrite soit-elle.

Au-delà des débats viscéralement inutiles alimentés par des politicards pour une opinion publique dont on ne se soucie guère, la RDC doit comprendre une chose : rêver haut avec des armes dissuasives. Il faut se les doter quel que soit le prix pour protéger l'intégrité territoriale. C'est un pacte républicain qui nécessite un comportement patriotique et non une traîtrise sordide. Faire gagner le Congo vaut mieux que sa propre victoire. Trêve de mensonge de conquête du pouvoir.

Saint Yannick