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Etat islamique en Afrique centrale: trois questions au journaliste Nicaise Kibel’Bel Oka sur le livre qu’il vient de publier



Alors que la RDC se débat dans une guerre asymétrique qui ne finit pas de poser un véritable défi aux autorités congolaises, un livre vient apporter un regard nouveau sur la question du terrorisme. L'ouvrage intitulé "État islamique, de l'ADF/MTM à Al Sunnah au Mozambique", du journaliste d'investigation Nicaise Kibel Bel, spécialiste des questions sécuritaires, éclaire d'un jour nouveau cette épineuse question. Selon l'auteur, il s'agit dans ce livre, de mieux saisir l'hydre du terrorisme, afin de le combattre efficacement. "Il faut adapter notre armée au Modus Vivendi de l'ennemi", dit Kibel Bel. Interview

Patrick Ilunga : Monsieur Nicaise Kibel'Bel Oka, vous venez de sortir un énième livre au titre révélateur " L' Etat islamique en Afrique centrale. De l'ADF/MTM en RDC à Al Sunnah au Mozambique". De quoi parle cet ouvrage et qu'est-ce qu'il apporte de nouveau sur les ADF ?

Nicaise Kibel’Bel Oka : le livre vient de sortir aux Éditons Scribe/Bruxelles. Il aborde l’évolution de ce groupe qu’on appelle abusivement « ADF » dans tous ces changements jusqu’à son allégeance à l’État islamique pour en constituer une Province, la Province Afrique centrale (IS-CAP). Il y a plus. L’ouvrage donne une lecture compréhensive sur l’identité et les stratégies de l’ennemi. Voilà pourquoi, nous référant au grand stratège Sun Tzu qui enseigne « Connais-toi toi-même et connais ton ennemi si tu veux compter des victoires », nous mettons notre expérience de l’investigation et nos connaissances de la guerre asymétrique et de l’ennemi qui endeuille les populations de l’est à la disposition de la république singulièrement de nos forces de défense et sécurité. Tous les problèmes sont abordés du renseignement à la mutualisation des forces.

P.I : Comment expliquez-vous l’attitude de certains compatriotes et experts qui contestent votre thèse du terrorisme islamiste ?

N.K.O. : Je suis journaliste d’investigation et formateur en journalisme d’investigation par hypothèse. Le principe de l’investigation repose sur un travail fouillé dans la durée, rigoureux et fiable basé sur des sources et témoignages crédibles. On ne peut pas faire de l’investigation en un jour, dans une chambre d’hôtel ou le pied dans le lac. Je vous donne un exemple. Nous sommes les seuls avec le général Marcel Mbangu à avoir dévoilé la vraie identité des terroristes, à savoir Madina at Tauwheed Wal Muwawedeen, MTM. En février 2021, un ami qui s’intéresse à mes travaux m’a fait un cadeau spécial : deux photos avec des lampes-torche portant mention « MTM » que le général Lucien Bauma avait récupérées au front avant sa mort en 2014. Combien de personnes ont cru que les ADF est une abréviation qui n’a aucune base religieuse ? Tout le monde attend que les chercheurs occidentaux et les experts des Nations-Unies le déclarent pour y croire. Vous constaterez avec moi qu’aucun expert et/ou chercheur occidental ne cite nos travaux. Ils s’en réfèrent sans y faire allusion. C’est ça la malhonnêteté intellectuelle. Le Congolais est encore mentalement colonisé. Ce qui se passe dans le Nord-Kivu et une partie de l’Ituri relève du jihad islamiste. Les assassinats des imams de Beni comme ceux de nombreuses personnes obéissent à cette guerre de la foi. Le jour où tout le monde le comprendra, le front changera de visage et on pourra espérer une victoire sur les terroristes. 

P.I: Comment faites-vous pour y arriver ? L’investigation est-elle facile pour un journaliste ?

N.K.O. : L’investigation, c’est du journalisme réservé aux courageux. Ce n’est pas facile surtout quand on est journaliste congolais abandonné et sans soutiens financiers mais il faut faire un choix. Ceux qui nous diabolisent reçoivent des millions de dollars $ pour se pavaner en RDC. Dans le cas qui nous concerne, certains compatriotes se sont donné le luxe de nous vilipender et de contester nos travaux par jalousie et par mauvaise foi. Dans la seule intention de nous nuire. Les contestations inutiles n’ont fait que compliquer les opérations au front et faire croître le nombre des morts.  Depuis janvier 2014, je crie (comme dans le désert) que les FARDC font face à un terrorisme islamiste sur base de guerre asymétrique et qu’il faille adapter les troupes au modus operandi de l’ennemi, personne ne me croit. Même au sein des services de défense et sécurité. On cherche des justifications des tueries ailleurs. Et comme o peut s’en rendre compte, la guerre devient un business du sang, au profit des charognards. Le livre donne des pistes intéressantes sur base des faits analysés et détaillés avec professionnalisme.

"Il faut lire le livre. Je dirai mieux, il faut l’acheter et le distribuer aux officiers FARDC dans les écoles et sur le front", a-t-il déclaré. 

Propos recueillis par Patrick Ilunga




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