Société

Ce lundi 23 Mai, tous les finalistes des écoles secondaires de la RDC débutent les épreuves préliminaires de l'EXETAT par la dissertation.

Le niveau intellectuel des élèves ne cesse de dégringoler dans un système où l'argent semble tout résoudre.

Pendant que l'enseignement est au rabais, le taux de réussite, lui, est en hausse. Enseignants et finalistes ont trouvé une astuce qui donne droit aux diplômes sans efforts.

Aujourd'hui, plusieurs spécialistes sont unanimes sur le fait que les élèves ont des difficultés sérieuses sur l'orthographe, la rédaction, la lecture et consorts. Paradoxalement, le taux de réussite de la dissertation est stable depuis plusieurs années. Miracle rdcien !

La dyade harmonique entre l'enseignant et l' enseigné

Les professeurs connaissant bien le niveau de leurs élèves ne prennent aucun risque de les pousser au travail, car il y a aussi un enjeu de notoriété des écoles.

La quasi totalité des écoles de Kinshasa, les rapports de stage, par exemple, sont rédigés par les enseignants eux-mêmes et les élèves payent le " droit de rédaction".  Impossible de tricher pour la dissertation pendant l'épreuve, les chefs d'établissements savent là où Ils vont pour que le taux de réussite soit éternellement stable.

Lors des épreuves de Français Oral, les membres du jury, tous des professeurs, reçoivent des "enveloppes" des élèves directement ou via leurs chefs d'établissements qui rôdent aux alentours des centres de passation des examens.  Il en est de même du Jury pratique. Le suicide collectif marche à merveille.

Un professeur de formation en Pédagogie ayant requis l'anonymat note :" Je serais trop rigoureux si vous disiez qu'aucun élève à Kinshasa ne passe ses examens. C'est nous enseignants, malheureusement qui passons les examens. C'est un suicide collectif. Le système est avilissant. Nous ne sommes pas loin d'importer les enseignants de l'école primaire si rien n'est fait".

Lors de la session ordinaire, les enseignants s'arrangent via un lieu dit "Labo" où ils reçoivent des items avec la complicité manifeste des services de sécurité commis dans chaque centre pour les traiter et les renvoyer dans les salles d'examen.

Un ancien élève explique :" Quand on entre dans la salle, on feint de travailler en attendant que les " choses" arrivent. Il y a un élève-ressource dans chaque école. C'est lui qui reçoit les " choses" et les distribue . Si cela arrive en retard, on se débrouille dans la salle, car toutes les écoles le font. Les surveillants le savent et feignent d'intimider. De toutes les façons, Inspecteurs, commis sécuritaires et surveillants connaissent tout".

Un enseignant, au bout de sa diction comique trop prononcée précise :" Je pense que c'est la raison pour laquelle les écoles sont attaquées par des élèves en cas d'échecs. Puisque le système informatique a rendu le vieux système de "suivi"(ndlr : consistant à aller corrompre les inspecteurs au centre de correction) trop risqué, tout se passe au centre. En cas d'échecs, les élèves se payent leurs écoles pour leur avoir envoyé de fausses réponses ".

Que faire pour mettre fin à ce "suicide collectif"? Un chef d'établissement propose :" Il faut que l'Etat prenne conscience de ce jeu dangereux entre les enseignants et les élèves, d'un côté et entre les écoles et les centres de passation des épreuves, de l'autre. Pour cela, il faut renforcer le contre-espionnage pour les commis sécuritaires et surveiller tout le monde. Pour les enseignants et leurs élèves, il suffit de fermer la messagerie électronique pendant les trois heures de passation des examens, je parle de la session ordinaire pour assister aux pleurs et grincements des dents. Il faut pousser les élèves au travail. Notre ministre doit obtenir le blocage des SMS, même d'une manière locale, je ne sais pas si c'est possible, pour faire pleurer tous les médiocres".

Enseignement au rabais, taux de réussite en hausse, paradigme du suicide collectif rdcien !

Saint Yannick