Politique

Quatre ans au pouvoir, des embrouilles existentielles et un avenir assombrissant sur fonds d'un désordre incontestablement conscient.

Assise sur une logique pyramidale, elle s'en délecte d'ailleurs,  l'UDPS voit toutes ses bases entamées. Les cellules et sections subissent une démobilisation impressionnante. La gestion du parti devient de plus en plus un casse-tête lourdement insupportable.

Le vendredi dernier, sur l'émission Bosolo na Politik, deux représentants   de la fédération de Mbuji Mayi et un représentant de la fédération de Kinshasa ont fait des révélations étonnantes. Ils accusent le secrétaire général ad intérim Augustin Kabuya d'avoir divisé le parti et toutes les fédérations. Même les drapeaux du parti sont vendus aux cellules. Les différentes cotisations du parti seraient gérées d'une manière opaque.

L'implantation de l'UDPS, le pire échec d'un parti au pouvoir !

Plusieurs sources internes se confient régulièrement à la presse pour déplorer l'absence de cette politique de l'implantation.  Le parti n'acquiert plus de nouveaux adhérents et il semble qu'il n'a aucune politique dessus.

Dans les provinces où le parti est généralement faible, rien n'a été fait. A titre illustratif, le Grand Equateur, l'un des espaces où l'UDPS est très faible à cause du contexte de sa naissance qui l'avait opposée au fief politique du Maréchal Mobutu, est toujours difficile à conquérir pour le parti au pouvoir.

Au Grand Kivu, la situation est la même. Dans ses fiefs politiques,  les guerres intestines sont d'une autoflagellation incommensurable. Les fédérations sont dédoublées par l'exécutif national du parti. Chaque membre influent du parti veut avoir son " centre hégémonique" et cela ouvre la voie à la prolifération de structures de soutien et des fondations calquées sur cette même stratégie. Personne ne se soucie de recrutement de nouveaux membres ou tout au plus de la récupération des membres démobilisés. D'ailleurs, le désordre très médiatisé inhibe toute sympathie à ce légendaire parti politique qui, visiblement, s'ignore.

La plaie puante entre la base et l'exécutif national !

Les structures de base ne vivent pas le pouvoir et les frustrations sont de plus en plus croissantes. Il n'y a aucune politique d'encadrement. Les cotisations du parti devraient, selon elles, aller dans le sens d'investissement des combattants dans le sens des formations comme à l'INPP ou par l'octroi des bourses d'études. En plus de cela, les permanences des cellules et sections manquent presque tout. 

Plusieurs membres de l'UDPS ont l'impression de voir l'intelligentsia du parti être anesthésiée.  Les idées de gestion du parti ne sont pas claires et les guerres intestines ont élu domicile à telle enseigne qu'on "marque plus contre soi-même que contre les adversaires ". 

Aujourd'hui, à suivre les cadres et militants de l'UDPS, Félix Tshisekedi est devenu le seul dénominateur commun. L'âme unificatrice du parti est détruite. Il n'y a plus de valeurs qui sont défendues ensemble. Chacun joue sa carte pour exister politiquement. Et selon plusieurs observateurs, le départ du pouvoir de Félix Tshisekedi en 2023 ou en 2028 pourrait correspondre à la mort de l'UDPS.

Entre Cadres, c'est du " je t'aime, moi non plus"

C'est le parti politique où les cadres sont le plus opposés sur tout. L' exécutif en a fait le cadet de ses soucis.  Selon plusieurs sources internes d'ailleurs, qu'il n'y aurait plus là-bas des réunions des Cadres. On se déteste. Même au sein de l'exécutif ou du triumvirat, des guerres intestines semblent avoir pris l'ascendance sur tout. Les gens se livrent une bataille politique sans merci au détriment du parti. Qui est le porte-parole de l'UDPS ? Les uns s'identifient au Prof et député national Paul Tshilumbu qui serait meilleur à ce poste. D'autres reconnaissent Simon Kalenga qui serait légal après sa nomination, elle aussi, controversée. Même au sein de la très stratégique Commission Électorale Permanente ( CEP), Jacquemin Shabani, membre du triumvirat semble en être le Président alors que l'ancien Président ad intérim Jean-Marc Kabund-A-Kabund y avait aussi nommé quelqu'un d'autre sans que ce dernier puisse siéger aux côtés de Victor Wankwenda ( CDP) ou aux côtés de Augustin Kabuya, secrétaire général.

Au sein de la Ligue des Jeunes, Docteur Emmany Dioko qui assumait formellement l'intérim de Yves Bonkulu , parti au gouvernement aurait été remplacé sans une quelconque décision ou procès-verbal divisant ipso facto les différentes fédérations de la Ligue des Jeunes, les unes considérant Emmany Dioko comme leur chef alors que d'autres s'identifient à Amisi Makutano. Un désordre indescriptible !

Au sein des structures de base, Mfumu Ntoto et Thierry Monsenempwo, membres de l'Union sacrée, sont considérés comme des meilleurs défenseurs dans les médias de l'administration Félix Tshisekedi sans le moindre membre de l'UDPS dans cette catégorie. Tout le monde, au sein de l'UDPS, serait frustré.

L'avenir du parti au pouvoir est en danger et n'eût été les alliés, Félix Tshisekedi aurait plus de difficultés, son propre parti étant presque ou partiellement en lambeaux. 

L'image projetée par l'UDPS dans l'opinion publique est politiquement inadmissible et très pernicieuse. L'on donne toujours l'impression d'être le parti le plus désorganisé de la sphère politique congolaise. Et même dans les débats de grands enjeux, seul Peter Kazadi peut positivement défrayer la chronique et cela donne l'impression d'une carence des Cadres alors que le vrai problème réside dans le management du parti.

"Aujourd'hui, si nous allons aux élections dans ce désordre, nous n'aurons pas plus de vingt députés nationaux et le Président de la République va souffrir davantage lors de son deuxième mandat. Aidons - le en organisant le parti et lui aussi doit nous aider en nous débarrassant des médiocres qui gèrent le parti, car lui seul en est capable",  a lâché un président fédéral des organes de base qui a daigné requérir l'anonymat pour éviter les représailles.

Saint Yannick