news-details
Politique

Elections 2023: l'UDPS doit-elle craindre l'effet d'auto-référence?



Dans un an et deux mois, la RDC va organiser des élections législatives et présidentielle et l'UDPS, le parti présidentiel, a un sacré défi d'améliorer son score électoral. 

Après  près de trente - sept ans d'opposition, l'UDPS, qui a demeuré longtemps le seul espoir politique des congolais, est au pouvoir depuis 2019 et elle est très attendue en 2023 .  Pour la première fois,  elle ne sera pas offensive, mais défensive tant qu'elle aura un bilan à présenter. 

En quatre ans de pouvoir, une tendance semble se dégager dans l'agir du parti présidentiel. C'est l'auto- référence. Plus qu'un biais cognitif, l'effet d'auto-référence coorespond à la capacité des gens à se rappeler plus facilement des souvenirs relatifs à eux-mêmes plutôt des informations similaires concernant autrui. 

Le parti au pouvoir, comparativement par exemple au PPRD, semble surfer sur les modèles qui risquent de réduire davantage sa parcelle de pouvoir, au cas où Félix Tshisekedi serait réélu. 

Pourquoi omettre les stratégies du PPRD ? 

Plus de dix ans au pouvoir, le PPRD était plus qu'une machine politique forgée sur la culture politique congolaise. Le parti de Joseph Kabila avait compris la dimension sociologique des élections en RDC. Pour ce faire, il avait créé, fabriqué, multiplié les leaders locaux. Chaque province avait au moins deux leaders  politiques provinciaux incontestables. Cette stratégie se poursuivait dans les territoires et secteurs. Ces leaders politiques locaux étaient le fruit d'une stratégie politique bien réfléchie. Parmi les fabrications réussies, l'on peut Moïse Katumbi au Katanga, Alphonse Ngoy Kasanji, Augustin Matata Ponyo, Jeanine Mabunda et tant d'autres. En plus de cela, le PPRD avait beaucoup de leaders politiques à Kinshasa qui avaient pignon sur rue. De Ramazani Shadary en passant par Aubin Minaku jusqu'à Evariste Boshab, c'étaient des têtes pensantes, mieux de bons clients de la presse. 

Contrairement à cela, l'UDPS semble éteindre tous les leaders du parti laissant l'impression de n' avoir que le seul secrétaire général. C'est le seul leader du parti en vue. On peut y ajouter le député provincial Peter Kazadi dont le franc-parler est tant admiré. C'est trop peu pour un parti présidentiel. A l'intérieur du pays, les vrais leaders locaux incontournables du parti présidentiel actuel sont plus que rares. On n' en a pas fabriqué et on est plus porté sur les querelles intestines alors que ces leaders politiques locaux demeurent des piliers électoraux indispensables dans un système électoral très " sociologique".

Dans sa manière de communiquer, le PPRD ne subissait rien et larguait dans les médias tout un bataillon compétent des communicateurs jusqu'à faire de la " diversion" toute une stratégie de communication de crise.

 Aujourd'hui, l' UDPS subit l'actualité, sans aucune stratégie de communication de contournement et les communicateurs les plus puissants du régime se recrutent parmi les alliés et parmi lesquels l'on peut citer Mfumu Ntoto Basanga ou encore Thierry Monsenempwo de la Convention des Congolais Unis de Lambert Mende. D'ailleurs, ce département de communication, au sein de l'UDPS, recèle des embrouilles non encore réglées. Simon Kalenga nommé par Jean-Marc Kabund-A-Kabund est presque inexistant alors que son prédécesseur, le député national Paul Tshilumbu, est toujours présenté comme le secrétaire national adjoint en charge de la communication. Comment un parti au pouvoir peut-il se le permettre quand on sait l'importance de la communication politique dans une société démocratique ?

Le triangle magique du PPRD,  interdit aux alliés

Pendant les règnes du PPRD, la ville de Kinshasa, siège des institutions ; la province du Katanga et le Kongo Central n'étaient jamais dirigés par des alliés. C'est le cœur du pouvoir sur le plan financier et politique.  A cela, il faut ajouter le Nord-Kivu devenu assez stratégique pour contrecarrer tous les plans de balkanisation. Il en est de même, de la présidence de l'assemblée nationale qui n'était jamais réservée aux alliés.

Aujourd'hui, l'UDPS a laissé Kinshasa à l'ACP de Gentiny Ngobila. Le Kongo central à l'UNC. Le Haut Katanga et le Lualaba ( les deux puissantes provinces issues du démembrement du Katanga) sont dirigés par des alliés issus du FCC de Joseph Kabila. 

A Kinshasa où se jouent plusieurs enjeux politiques, l'UDPS est la grande puissance politique, car elle est le seul parti politique ayant douze députés provinciaux. Malgré cela, elle ne dirige ni l'exécutif provincial ( le gouverneur) ni l'assemblée provinciale. Pire encore, elle n'a que deux bourgmestres ( Selembao et Ngaliema), nominations qui avaient été fêtées à son siège de la 10 ème Rue Limete. 

Aujourd'hui, certains alliés de l'UDPS semblent faire mieux et offrent plus d'opportunités politiques que le parti- mère. L' ACP de Gentiny Ngobila , un nouveau parti politique, a désormais deux gouverneurs ( Kinshasa et Mai Ndombe et compte plus de bourgmestres que l'UDPS en plus d'enregistrer plus de nouveaux adhérents que l'UDPS. 

L'on se demande pourquoi Jacquemin Shabani n'est pas fabriqué comme un leader politique incontournable du Nord-Kivu ? Pourquoi Rémy Massamba,  Yves Bonkulu ou encore l'ingénieur pétrolier Nixon Nzinga ne sont-ils pas façonnés comme des leaders politiques incontournables du Kongo Central ? Que dire de Dr Eteni, Me Eboma dans le Grand Equateur ? Quelles sont les ambitions du parti présidentiel aux élections de 2023? Comment se déploie-t-il pour les concrétiser?

S'inspirer des autres n'est pas une faiblesse, la faiblesse, c'est l'effet d'auto-référence.

Saint Yannick




Vous pouvez partager cette publication

0 Commentaires

Soyez la première personne à commenter cette publication !

Laisser un commentaire

Aujourd'hui Hier Cette semaine Ce mois Total visiteurs En ligne
620 659 3820 23221 500937 20