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Société

Lutte contre le tribalisme : " le " trop-plein" des Kasaïens dans les institutions et entreprises publiques prend Félix Tshisekedi au mot" ( Chanty Shako Oky, MDVC)



Dans une tribune publiée ce mercredi 28 Décembre, Chanty Shako Oky, cadre du Mouvement d'Elites pour la Démocratie et le Vrai Changement ( MDVC), parti politique membre de l'opposition,  explique comment l'administration Félix Tshisekedi ne fournit pas assez d'efforts pour combattre le tribalisme malgré la dénonciation récurrente de l'opposition.

Panneaux dans toutes grandes artères de Kinshasa, multiplication des dénonciations du tribalisme, multiples messages à la jeunesse, le Président de la République n'a cessé de condamner le tribalisme et appelé à des gestes concrets pouvant décourager ce " cancer", selon ses propres mots, car, comme il a eu à le dire lui-même devant la jeunesse, le 30 Novembre dernier, " le tribalisme étrangle notre pays". 

Mais, que fait concrètement l'union sacrée pour donner les fameux signaux concrets ? Scrutons les nominations régulièrement dénoncées par l'opposition. 

Du MDVC à l'Ecide en passant par MLP, on ne cesse de dénoncer les nominations à caractère tribal. 

Dans le gouvernement actuel, 4 sur 5 ministères régaliens  sont occupés par l'espace Grand Kasaï d'où je suis moi-même originaire. Les affaires étrangères avec Christophe Lutundula, la Sécurité avec Daniel Aselo, les Finances avec Nicolas Kazadi et la Justice avec Rose Mutombo. La Défense  est même dans le cercle familial. 

En plus de la Banque Centrale du Congo avec Mme Kabedi, elle aussi du Grand Kasaï, les nominations faites surtout en 2022 ont placé au moins un originaire du Grand Kasaï dans les comités de gestion, dans près de 70 % des entreprises publiques , outre le fait d'avoir plus de directeurs généraux originaires du Grand Kasaï. De la DGI à l'OCC en passant par le FPI,  il n'y a aucun acte concret combattant le tribalisme. Pire encore, l' Union sacrée a même nommé deux frères mandataires ( FPI et DGI) , tous deux originaires du Grand Kasaï et peut-être aussi membres de l'UDPS. 

Nous apprenons aussi à la CNSS que le Grand Kasaï a triomphé en enlevant aux Bakongo, la seule grande entreprise qu'ils avaient. Ce n'est pas normal. 

Nous ne sommes pas loin de voir une organisation des mandataires publics du Grand Kasaï visant à développer cet espace.

Pas plus tard que la semaine dernière, le vice-gouverneur de Kinshasa, Gecoco Mulumba avait dénoncé les récentes nominations à la territoriale qui seraient, selon lui, faites sur base d'appartenance tribale, " Esalami na munoko ya mboka", avait-il dit en lingala.

Même au sein du parti présidentiel, les ministères importants leurs confiés ( Finances, EPST, Sécurité) sont occupés par le Grand Kasaï. 

Si le tribalisme étrangle le pays comme l'a dit le Président de la République, " l'union sacrée est un danger pour notre pays, car elle ne fait rien à propos".

Le moment n'est il pas venu de tenter de dénoncer la montée du tribalisme à la veille des élections de 2023 pour éviter une République des tours? 

Le discours tribal qui se retrouve très largement dans les discours des acteurs politiques congolais d'hier et d'aujourd'hui, explique la dérive de la démocratie et du sens réel de l'agir politique.

Après les élections de 1959,1960,1963, 2006, 2011 et 2018 .si les mêmes causes produisent les mêmes effets, il est à craindre que nous connaissions un sort à peu près similaire.

On est en présence du tribalisme lorsque normalement on devrait dire que le sentiment d'appartenance à une ethnie aurait dû signifier l'appartenance à l'entité politique et l'appartenance culturelle nous renseigne le professeur Isidore NDAYWEL.

Les études missionnaires catholiques ou protestantes ont aussi créé ces ensemble (ethnie,tribu) sur le plan culturel sans que le tribalisme ne prenne le sens négatif de nos jours,' qui conduit à la division, à la haine ethnique ou au tribalisme.

Le tribalisme connait une évolution négative, voilà qui justifie la naissance d'un nouveau type de Tribalisme dans les centres urbains, avec la création des associations telles que :

_association des Bangala ;

_association des Bakongo ;

_association les luluas frères ;

_association  Anamongo.

En 1957, le pouvoir colonial a voulu tenter une première expérience électorale qu'il appellera les consultations.

A l'époque les partis politiques n'existaient pas encore, les gens ont participé à ces élections sous le label des associations. A Léopoldville (Kinshasa)l'abako remporte la majorité des sièges bien qu'il y a eu un Tetela qui avait remporté un siège.

A Elisabethville (Lubumbashi) les autochtones perdent les élections au profit des gens du Kasaï, les originaires se fâchent et s'organisent, d'où la naissance de la CONAKAT avec Moïse TSHOMBE.

Après les élections de 1957,la prolifération des associations gagne de plus en plus du terrain, jusqu'aller même au sein de la famille, on attend souvent les parents intervenir dans les choix des futurs conjoints de leurs enfants, qui pour s'opposer au mariage puisque le fils a choisi l'épouse appartenant à une autre tribu.

Nul besoin de faire observer que les stéréotypes sur une ethnie ou tribu par rapport à une autre, les considérations dévalorisantes d'une tribu vis- à- vis d'une autre ont pour conséquence le tribalisme qui apparaît comme la négation d'autrui.

De nos jours les associations tribales existent et aussi et surtout des partis politiques tribaux qui favorisent les fractures sociales.

Le tribalisme est manipulable au gré des acteurs politiques.

A la veille de l'année électorale,  le moment est venu de faire la pause pour scruter le passé, méditer sur le temps présent et lever le regard vers l'avenir en faisant le diagnostic des maux dont souffre le peuple congolais à savoir le tribalisme et la division afin de proposer avec courage et détermination la thérapeutique à la maladie congolaise.

Nous sommes à une autre époque, il y a nécessité de tourner la page du tribalisme aux élections et écrire une nouvelle histoire du peuple congolais, c'est comme martelait Christian SAVES " l'histoire n'est pas écrite à l'avance : à chaque époque, l'homme se trouve placé devant une page blanche qui a nom "Avenir" et qu'il lui appartient d'écrire".

Écrivons donc une autre histoire du peuple congolais, quittons les associations tribales, les partis politiques tribaux et que le peuple demeure vigilant pour que le vivre ensemble l'emporte sur la haine ethnique et la division, bâtissons un Congo pour tous.

Le Président de la République Félix Tshisekedi, symbole de l'unité nationale, doit poser des gestes concrets pour combattre le tribalisme. Nous l'invitons à scruter ses nominations au gouvernement, surtout dans les entreprises publiques et dans son cabinet pour se rendre compte de la mauvaise dynamique dans laquelle il s'inscrit à propos. 

Chers compatriotes, dénonçons le tribalisme, car, Unis, nous sommes imbattables.

Chanty Shako Oky, Chercheur en Techniques de Médiation et Résolution des Conflits et haut cadre du MDVC




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