Justice

Depuis la semaine dernière, John Numbi, général d'armée, a fui à l'étranger, réussissant à "semer" les services de sécurité et cela après avoir refusé de répondre à une invitation de la justice militaire sur l'affaire Chebeya.

Au Zimbabwe où il se trouverait, un mandat d'arrêt a été émis par la justice congolaise qui cherche à le localiser formellement avant d'entamer les formalités d'usage pour son extradition. Le ministre de la Justice ad intérim, Me Bernard Takaishe avait, sur la Radio Top Congo FM, confirmé la détermination du gouvernement congolais à le reprendre à tout prix.

Selon plusieurs experts de la justice militaire, "l'ex tout puissant John Numbi" s'est engagé dans une voie périlleuse et sans issue. C'est le cas de Me Peter Ngomo, avocat congolais près des juridictions militaires  qui a daigné donner son point de vue, à propos de ce dossier, sur les antennes de la RFI.

" En tant que militaire, il devrait être poursuivi pour désertion à l'étranger, et je pense également pour violation des consignes. Tout militaire sait qu'il ne peut pas se déplacer d'un point A vers un point B sans autorisation, sans feuille de route", explique Me Ngomo.

Revenant sur l'affaire Chebeya qui serait à la base de la fuite de "l'officier le plus puissant de l'administration Joseph Kabila", Me Ngomo pense que John Numbi n'y sortira pas indemne, car, dit-il, " il est établi que Chebeya a été torturé et la Convention internationale contre la torture demande à tout pays membre de pouvoir poursuivre toute personne qui serait coupable de ces actes ignobles".

Selon cet expert de la justice militaire, la RDC pourrait, si elle veut reprendre John Numbi et au cas où il serait réellement au Zimbabwe, activer les mécanismes d'extradition dans le cadre de la SADC ( Communauté de développement de l'Afrique Australe).

"On peut donc noter qu'en plus du dossier Chebeya et de multiples dossiers, notamment les massacres des adeptes de Bundu Dia Kongo en 2007,  impliquant le " fameux bataillon Simba" qu'il commandait, le fugitif John Numbi, général d'armée, pourrait aussi être poursuivi pour désertion et violation des consignes", analyse Me Alphonse Ngwidi, avocat et spécialiste des questions militaires.

Entretemps, les Organisations non gouvernementales de droits de l'homme accentuent la pression sur la justice congolaise pour poursuivre tous les présumés auteurs de violations de droits de l'homme. L'ancien Administrateur Général de l'Agence Nationale des Renseignements ( ANR), Kalev Mutond, ennemi juré de ces ONG, est recherché activement par la justice congolaise après avoir refusé de répondre aux invitations lui lancées par cette dernière sur les présumées violations des droits de l'homme.

Saint Yannick ZAYAKENE